Essaie pas de m'embrouiller en me disant des trucs comme "Mais l'album est sorti en février", "A 10h34 on dort normalement" ou " Passer la nuit à regarder Déco pour tenter d'oublier qu'il y a une souris dans ton appart est tout bonnement pathétique". Jte préviens tout de suite, jsuis pas d'humeur. Jme suis battue toute la nuit contre ma phobie, alors je crois que tu peux lire dans mes cheveux hirsutes et mes yeux cernés qu'il vaut mieux pas m'emmerder.
Je pourrais tout te dire sur la pose du béton ciré sur un mur, ou sur l'étonnante faculté des souris à s'adapter, c'est à dire à finir par ne plus mourir, mais seulement être assommées par une dose de mort-aux-rats, ce qui rend l'animal assez flippant, t'en conviendra: invasion du monde et domination de celui-ci par les souris, ce genre de merdes... Donc si je fais la review d'un album sorti en février, en l'occurence celui de Gil Scott-Heron, I'm New Here, (Février 2010, Beggars Banquet- et là je te parle pas de l'album des Stones mais de la maison de prod, gogogle), tu m'en tiendras pas rigueur. Et considère ceci comme un ordre.
Donc. Gil Scott-Heron. Pas que je sois une fana des clichés américains, mais vraiment, on voudrait presque écouter ses chansons avec un brin de blé dans la bouche. Surtout I'm new here, qu'on se voir bien fredonner à l'ombre d'un arbre, avec un chapeau de paille tout miteux et une furieuse envie de s'assoupir.
Gil Scott-Heron, je le connaissais surtout pour The Revolution will not be televised, un peu comme tout le monde je crois. C'est à cette époque que je me suis rendue compte que Keziah Jones était qu'un copieur, et que même si il faisait ça bien, le bougre, c'était quand même du recraché.
J'ai parfois l'impression qu'on arrive à faire du bon blues qu'une fois vieux. Je sais pas si c'est la voix tremblante ou pleine de whisky, ou l'expérience des années, mais du blues ne me semble bon que s'il sort d'une vieille gorge fripée. Ou de celle de Tom Waits, ce qui en définitive donne le même résultat. I'm New Here est un excellent album de blues, mais pas seulement. Et c'est peut être bien ça qui fait qu'il entre dans ma bibliothèque d'albums incontournables. Mais ouais, le genre de disques que quand tu vas chez quelqu'un que tu connais pas trop, tu te dis direct qu'il doit être quelqu'un de bien puisqu'il possède l'une de ces galettes ( on citera alors Rain Dogs, Whiskey for the Holy Ghost, The Piper at the Gates of Dawn, et plein d'autres trucs autrement moins mythiques mais très très bons. Je m'arrête là dans ma liste parce que je suis pas là pour ça et qu'en plus j'ai encore la tête dans le cul, et donc les idées pas très claires. Tiens ça me donne une idée d'article ce bordel d'albums qui font de toi quelqu'un de bien)
Ouais, I'm New Here pourrait aussi être un super album de Hip-hop. Les arrangements de Me and the Devil donnent tout simplement envie de sortir son Grillz (d'ailleurs tiens, y'en a des très jolis ici). T'as envie quand t'écoute cette chanson de te balader dans la rue, ave ta capuche, avec le Devil, side by side.
Et l'album est comme ça tout au long des 15 morceaux. Un petit bijou de blues, avec semées par-ci, par-là, des pépites. Comme New York is Killing Me qui renoue avec la tradition blues d'arriver à faire de la musique avec juste une voix et des mains qui frappent. D'ailleurs, elles frappent le genre de rythme que nous, simples terriens, ne parviendrons jamais à reproduire.
I'm New Here, reprise de Smog, te cloue par terre, littéralement. Il transforme ça en blues, putain, et la chanson n'en est que meilleure.
Et je crois que ce qui scotche le plus, c'est que cet album a été écrit en prison. Trafic de cocaïne. Pas bien, Gil. Pas bien. Et finalement, quand tu sais ça, et aussi que les interludes parlés sont des extraits de poèmes de son recueil The Last Holiday, le tout te paraît comme un cri, une alerte, le dernier cri déchirant d'un animal qui va pas tarder à crever. Et ça serait con de pas l'écouter.
Average Cabbage
Gil Scott-Heron: I'm New Here/ New York Is Killing Me
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