09/06/2010

La fin de l'enfance* Evolution* Street Credibilty* L'issue incertaine d'un débat politique enragé* Un moment de groove et de rigolage



Eminem- Recovery. Shaddy Records / Aftermath / Interscope
Il fut un temps où j'aimais viscéralement Eminem. Un pote m'avait ramené « The Slim Shady Lp » du Québec. A l'époque tout le monde s'en battait en France puisque personne ne le connaissait encore où presque. Aux U.S.A le mec était déjà le Marylin Manson du rap. Ce qui voulait dire qu'il faisait peur essentiellement aux vieux, catholiques, ou toute autre personne effrayé par la drogue, l'alcool et le sexe pré marital. Toutes les choses qui du haut de mes 1m30 (j'étais en CM2) me donnait envie d'être légalement en âge de les faire. Je n'en pouvais plus d'attendre le jour où je sortirais dans les bars pour me bourrer la gueule avec mes potes. Toujours est il qu'Eminem se ramenait sur scène avec un masque de hockey façon Jason et découpait des vaches à la tronçonneuse. Pour moi ce truc était une des choses les plus cools qu'il m'était alors donné de voir (ensuite j'ai découvert Youtube, l'anatomie intime féminine, l'herbe et les sites de jeux en flash. Croyez le ou non cette combinaison bats facilement toutes les autres).

Aujourd'hui je suis à la fac, je mesure 1m83 et ma culture hip hop ne se limite plus à trois pauvres artistes. Je ne suis pas une référence dans le domaine mais quand un truc me plait je deviens obsessionnel et je mets à entasser frénétiquement les trucs les plus obscurs sur le sujet.
Sur qu'Eminem ce n'est pas vraiment ce qui se fait de plus undeground mais en voyant la pochette j'ai repensé à l'époque ou je portais des joggings et à la chorégraphie gangsta que mes potes avaient décidé de présenter à la fête des écoles (sur « The Real Slim Shady »). Un élan de nostalgie m'a pris en voyant la pochette de « Recovery » et, même en sachant d'avance que ce serait une erreur, je l'ai écouté. La nostalgie ne fais jamais faire de bonne choses: ça vous fait recoucher avec votre ex, racheter des cds, revoir des films que vous aviez déjà trouvé pourri à l'époque... A la fin personne ne va mieux et tout le monde est déçu. Bref, écouter cet album a été comme recoucher avec une ex du collège: ce n'est plus aussi passionnant ou nouveau qu'à l'époque et c'est même devenu complètement chiant.
L'album s'ouvre sur un morceau que l'on pourrait qualifier de « sombre » et de tous ses dérivés. Le morceau foire complètement et supporte difficilement plus d'une écoute. De même qu'un skieur de super G qui se casse la gueule dans les dix premiers mètres aura du mal à finir dans les dix premiers, on voit mal Eminem faire un album monstrueux après une telle entrée en matière. Le morceau suivant est sans intérêt, on y apprend qu'Eminem est de retour et qu'il va à nouveau être au sommet de son jeu. Vu les pauvres phases R&B qui constellent le morceau on est en droit de douter. « On Fire » nous explique la raison du début d'album tout triste: son chien est mort hier. C'est balancé dès les premières secondes du titre et j'ai du faire une pause pour respirer. Je me suis toujours dit que les blancs qui faisaient du hip hop n'étaient au mieux pas crédibles et au pire ridicules. J'ai longtemps médité sur cette théorie en me demandant à quoi elle tenait. La meilleure explication qui me soit venue après des heures de réflexion et qu'ils n'ont pas l'air dangereux. Regarder Busta Ryhmes dire qu'il va te foutre un gun dans le cul ou Method Man se la péter gangsta fumeur de weed à l'air réel, on sent que les mecs ne déconnent pas. Mais Eminem ? Avec son physique de crevette et ses salopettes ?! Même une mule avec un sombrero et un fusil mitrailleur foutrait plus les boules. Bref faire une chanson sur un clébard mort sur le bord de la route n'aide pas vraiment la street cred. Ensuite on attaque du plus lourd puisqu' arrive à un featuring avec Pink (« Won't Back Down ») qui joue ici la Rihanna du pauvre: on balance de la guitare bien sous mixée et par dessus un flow se voulant agressif et PAF le voilà ton single. Là le garçon est chaud: prêt pour le combat, il ne courbera pas le dos. Dans le genre rap agressif sur guitares Tricky fait ça dix fois mieux et sans se forcer. La suite du disque brasse les deux thèmes exposés ci dessus, parfois même en mêlant les deux (« je suis triste mais je lâche rien » en gros). Le seul moment où le flow d'Eminem semble retrouver un peu de vigueur se trouve être un featuring (« No Love ») avec Lil' Wayne mais ça reviendrait à dire que je cours vite sur 500 mètres aux cotés de Robert Hue et Carlos. Cependant c'est le seul titre où Eminem se montre un peu vulgaire et drôle comme il savait le faire avant. Malheureusement les refrains viennent bouffer tout ça en écrasant sans pitié le morceau sous un tas de guimauve rose géant. Sur « Space Bound » celui ci semble chanté par Céline Dion, sur « Cinderella Man » il bousille ce qui aurait pu être le seul morceau du disque... La production est affreuse, pompeuse presque alors que l'on sait qu'Eminem n'est jamais aussi bon sur des instrus presque dépouillées (« Cinderella Man » en serait la preuve si le refrain ne venait pas saloper l'ensemble). Le disque est trop long et la plupart des chansons ont autant d'intérêt qu'une séance de débat entre François Hollande et un chien anémique. Ironiquement le meilleur morceau du disque est la bonus track même si le refrain est tout aussi immonde que les autres, il a au moins le mérite de se faire discret. Et du coup comme ici on est cool, on vous le file en grosse avant première et puis aussi « Space Bound » histoire que vous rigoliez un peu.
Cadeaufinalgenrejesuistrooooopcoolcommemecettumaimes: un extrait de la compilation de remix « Tricky Meets South Rakkas Crew » parce que c'est la classe même si c'est pas super récent et c'est pas si dub que le prétend le titre du remix.

Tricky Meets South Rakkas Crew: Baligaga (Dub)

Bealdo

4 commentaires:

  1. Ouais il est naze. Hélas.
    On va se contenter de The Marshal Matters LP du coup.

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  2. en fait, il est bien ce blog.

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  3. "Bref, écouter cet album a été comme recoucher avec une ex du collège"
    C'est pas plutôt avec UN ex ?

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